Production laitière

Depuis de nombreuses années, Uniterre réclame un prix du lait équitable couvrant les coûts de production. Car depuis longtemps, les producteur·rices ont de la peine à survivre, la pression sur les prix exercée par les grands distributeurs et transformateurs étant immense. Le prix moyen payé en 2022 était de 69,25 centimes par kilo de lait (rapport annuel Swissmilk 2022, p.14), un chiffre largement en dessous des coûts de production. En 1998, la Suisse comptait encore 44 000 exploitations laitières. Fin 2022, ce chiffre est passé à 17 603.

 Vous trouverez ici un dossier sur la filière lait en Suisse. Il date de 2020 mais il vous donne un bon aperçu du fonctionnement du marché laitier.

En septembre 2019, nous avons lancé le Lait équitable ou Faireswiss qui constitue une lueur d’espoir, nous ayant permis de satisfaire notre revendication de longue date de rémunération 1 franc par kilo de lait. Le Lait équitable est désormais organisé en coopérative indépendante d’Uniterre, qui connaît un grand succès en Suisse.

Une équipe d’une dizaine de producteur·rices de lait s’engage dans la commission lait d’Uniterre, entre autres sur les thèmes suivants :

• le supplément pour le lait transformé en fromage, qui n’est que partiellement reversé aux producteur·trices.
• le contrat laitier standard de l’Interprofession Lait (IP Lait), qui ne respecte pas les directives décidées par le Parlement.
• les importations de beurre et l’exportation de fromages industriels de dumping qui sapent notre production nationale.

Nous collaborons avec l’organisation suisse alémanique Big-M et, au niveau européen, nous sommes membre de l’European Milk Board (EMB).

Les revendications d’Uniterre sur la filière laitière : 

Revendications aux acheteurs (soit à la grande distribution, car les transformateurs sont aussi sous la pression de la grande distribution), à l’Interprofession du lait (IP Lait) et à l’OFAG :

  • Les producteur·rices de lait doivent recevoir un prix qui couvre l’entier des coûts de production, à savoir plus d’1fr. par kilo* de lait. De nouveaux calculs de coûts de production du lait doivent être définis, chaque année. Ces coûts dépendent fortement de la zone (plaine, collines, montagne) et doivent être pris en compte dans le prix du lait.
  • La livraison du lait segment B devient volontaire, sans préjudice en cas de non-livraison. Cette revendication répondait enfin à la motion « Améliorer les termes du contrat-type de l’Interprofession du lait » acceptée par le Conseil des États en 2019 et par le Conseil national en 2020., Cette motion est aujourd’hui classée car l’IP Lait a refusé de la mettre en place.
  • Les producteur·rices de lait doivent être mieux entendus au sein de l’IP Lait. Dans ce but, Uniterre et Big-M (syndicat alémanique des producteur·rices de lait), représentant une partie des producteur·rices de lait de ce pays, ont droit à une place au sein de l’IP Lait.
  • Il faut revoir la rétribution de la prime à la transformation fromagère. Une partie de cette prime ne revient pas aux producteur·rice de lait qui y ont droit : entre 60 et 100 millions de francs, selon une analyse de la Recherche Agronomique Suisse**. Ce dysfonctionnement permet l’exportation de fromage bas de gamme à des prix défiant toute concurrence, jusqu’à 3fr par kilo. Notre président, Maurus Gerber, a d’ailleurs obtenu gain de cause en première instance auprès du Tribunal civil de l’arrondissement de la Broye en octobre 2022 dans le cadre d’un procès contre le transformateur de la Migros ELSA pour non-versement de la prime. Afin d’éviter ces dérives, cette prime doit être versée directement aux producteur·rices.

    * La plupart du temps, pour vulgariser, on parle de litre de lait. Mais il est plus juste de parler de prix au kilo de lait car un litre de lait pèse 1,03 kg. Les producteur.trices de lait sont d’ailleurs payés au kilo.

    ** Analyse de l’impact sur le marché laitier du supplément pour le lait transformé en fromage, Listorti G., Tonini A.,Recherche Agronomique Suisse 5(5), 212-215, 2014

    Dossier Pédagogique Lait

    La production de lait en Suisse et ailleurs…

    …De la vache à la brique de lait

    Les voyages du lait…

    …Qui bénéficie de l’or blanc?

    Uniterre a développé un dossier pédagogique autour de la problématique du lait :

    Le lait au coeur des enjeux agricoles et alimentaires : en route vers la souveraineté alimentaire

    Ce document est destiné à toute personne (enseignant-e, animateur-trice, éducateur-trice,…) souhaitant développer les questions d’interdépendances mondiales sur l’agriculture et l’alimentation. Il est à destination des enfants de 8 à 12 ans (5-8 H).

    Ce projet pédagogique est construit autour de cinq séquences de 90 minutes chacune avec un thème et des objectifs spécifiques ainsi que d’une évaluation finale.

    Pour chaque séquence la thématique est exposée, une liste de références et des propositions d’activités mises à disposition.

    Comme fil rouge, le choix s’est porté sur la production de lait en Suisse et ses interdépendances mondiales.

    Ce dossier comprend :

    • un document de travail pour l’enseignant
    • un document de travail pour l’élève
    • 3 vidéos de producteurs laitiers d’horizons différents : Belgique, Suisse et Tunisie.

    Ce dossier pédagogique a été développé avec le soutien d’education21.

     

    Pour obtenir ce dossier, 2 possibilités :

    Pour tout rensiegnement, merci de contacter Berthe Darras : b.darras@uniterre.ch, 079 904 63 74

    Grandes cultures

    Les céréales, les oléagineux et les protéagineux indigènes sont un pilier de notre autonomie et de notre sécurité alimentaire. Les événements climatiques extrêmes augmentent drastiquement et pèsent sur la sécurité et la qualité des rendements. Pour les domaines agricoles, cela implique une meilleure connaissance et une prévention accrue des risques. Les surfaces de terres ouvertes, et plus particulièrement les surfaces d’assolement, doivent être défendues. La qualité des sols et la biodiversité doivent être des facteurs à prendre en compte dans la protection des terres agricoles.

    Uniterre demande une déclaration d’origine transparente, la régulation des importations, notamment des 120’000 tonnes de produits de boulangerie industrielle, et des prix équitables. Les méthodes de production écologiques sont au cœur de notre travail. Notre campagne pour des prix équitables.

    Uniterre possède une commission grandes cultures.

    Les revendications d’Uniterre sur la filière des grandes cultures (céréales et oléagineux) :

    Revendications aux acheteurs, à Swiss Granum et à l’OFAG :

      • Les producteur·rices de céréales doivent recevoir au minimum le prix indicatif défini par la branche, celui-ci doit au minimum couvrir les coûts de production.
      • Le seuil tarifaire maximum pour les céréales panifiables doit être relevé pour correspondre à une rémunération équitable.
      • Une protection douanière efficace doit également être mise en place pour les autres grandes cultures destinées à l’alimentation humaine, telle que les légumineuses à graines (soja, pois, haricots, lentilles, etc)
      • L’importation des pâtons tout prêts pour la boulangerie et des sous-produits destinés à l’industrie doit enfin être régulée et taxée, ils doivent être compris dans le contingent d’importation des céréales.
      • Les prix doivent être fixés avant le semis des cultures, en lien avec les coûts de production réels et non calqués sur le marché [1] et ces prix indicatifs doivent être respectés par tous les acheteurs.
      • Une double transparence : obligation d’indiquer la provenance des farines et des produits pour les consommateur·ices et la transparence sur les marges dégagées tout au long de la filière.
      • Les mêmes revendications sont valables pour les oléagineux
      • Les céréales fourragères doivent absolument être revalorisées, et les prix seuils doivent être relevés.

      [1] Actuellement, les prix indicatifs sont fixés un mois avant la récolte alors que les frais de production sont déjà supportés par les producteur·rices.

      Viande

      Face aux enjeux environnementaux et climatiques, nous prônons une consommation de viande raisonnable où la qualité prime sur la quantité. Cependant, il faut reconnaître la valeur du pastoralisme pour la préservation de la biodiversité, la valorisation de l’herbe dans les régions de montagne et la protection contre les dangers naturels. Dans une optique d’agriculture paysanne diversifiée et autonome, l’élevage a toute sa place, même en plaine. Uniterre s’engage en faveur d’un élevage paysan, dans lequel le bien-être des animaux et la protection de nos ressources sont garantis. Cela n’est possible qu’avec des structures équitables et justes pour nous, paysannes et paysans.

      Il faut des prix rémunérateurs pour les producteur·rices et de la transparence tout au long de la chaîne de création de valeur. Il faut garantir le revenu paysan, notamment pour maintenir, voire augmenter, le degré d’autosuffisance nécessaire à l’alimentation de nos animaux. Il faut que les normes suisses soient appliquées pour les importations également.

      Uniterre possède une commission viande qui est un groupe spécialisé dans ces questions. Elle est composée d’un·e membre du secrétariat et d’agriculteur·rices issu·es des différentes sections. Elle prend position sur les questions actuelles de la politique agricole, formule des revendications et s’engage de manière générale pour que la production et la consommation de viande soient en accord avec les exigences économiques, éthiques, sociales et écologiques.

      Les revendications d’Uniterre sur la filière de la viande :

      Nos revendications à l’OFAG:

      • Une revalorisation des contributions en faveur du bien-être animal (programmes éthologiques).
      • Des aides plus conséquentes pour la mise aux normes des bâtiments d’élevage, et la prise en compte de la durée d’amortissement d’au moins 25 ans
      • L’arrêt immédiat des négociations en lien avec des traités de libre-échange qui menacent la filière par des importations de viande produites dans des conditions interdites en Suisse (système de détention, affouragement, stimulateurs de croissance)
      • De soutenir une politique pour des abattoirs locaux ou régionaux et respectueux de la fin de vie du bétail et du travail des éleveurs/euses
      • De prendre en compte la diversification de l’élevage et d’établir un plan de soutien à certaines filières abandonnées ces dernières décennies, telle que celle de la laine et du tannage par exemple.

      À l’interprofession Suisseporc:

      • La mise en place rapide de mesures efficaces afin de réguler l’offre et la demande
      • Aucune pénalité au producteur en cas de porcs trop lourds suite au report du chargement
      • La détermination du prix minimum de vente, tenant compte des coûts de production actualisés

      À la grande distribution:

      • L’arrêt des promotions massives qui dévalorisent totalement le travail des paysan·nes et la vie de l’animal
      • La déclaration claire de la provenance de la viande en cas de transformation en Suisse

      Aux acheteurs des filières avicoles (œufs et viande de poulet)

      • La transparence quant à la formation des prix (actuellement, ce sont des filières qui travaillent en vertical et les prix ne sont pas publiés comme c’est le cas pour le reste des filières de viande ou le lait)

      Aux interprofessions :

      • Favoriser la production de viande à partir de fourrage indigène

      Viticulture

      Uniterre compte aussi des membres vigneron·nes, ou des paysan·nes polyvalent·es qui possèdent aussi de la vigne. Dans le domaine de la viticulture, nous nous intéressons tout particulièrement aux questions d’accès aux marchés et de concurrence avec les importations. Alors que la consommation de vins est en baisse constante depuis plusieurs décennies, les quotas d’importation ne bougent pas et exercent une pression toujours plus forte sur la production locale.

      Comme pour chaque secteur de production, Uniterre défend une production locale et écologique, et des prix en adéquation avec les efforts consentis par les producteur·rices. Elle demande des salaires et des conditions de travail justes pour la nombreuse main-d’œuvre familiale et extra-familiale, souvent d’origine étrangère et fortement précarisée.

      Les revendications d’Uniterre sur la filière viticole :

      Depuis 30 ans, la consommation globale de vin en Suisse a fortement diminué : plus de 88 litres de vin par habitant en 1990, contre 41,8 litres en 2002 et 35,7 litres en 2020*. Dans ce contexte, les vignerons demandent à l’OFAG :

      • De favoriser un marché équitable pour le vin suisse face aux vins étrangers :
        • A savoir de réclamer le retour des contingents de volume. Depuis les accords du GATT (aujourd’hui OMC) en 1994, ces contingents de volume ont été interdits et remplacés uniquement par des contingents tarifaires. Contrairement au contingent de volume qui limitait l’importation, le contingent tarifaire ne constitue pas une limite du volume importé, mais il accorde un tarif douanier préférentiel, c’est-à-dire au prix plancher.
        • D’exiger l’application de l’alinéa b de l’article 22 de la Loi sur l’agriculture. Cet article traite de l’attribution des contingents tarifaires. L’alinéa b spécifie qu’ils doivent être attribués proportionnellement à la prestation fournie en faveur de la production suisse. L’application actuelle se base sur l’alinéa d et attribue les contingents au fur et à mesure des demandes, sans condition. Il faudrait appliquer l’alinéa b et attribuer les parts du contingent d’importation uniquement à ceux qui commercent des vins suisses.
      • D’intégrer les vins mousseux dans le contingent de volume.
      • Que les artisans vignerons-encaveurs ne soient pas considérés comme des commerçants en vin. 
      • Que le contrôle des caves soit simplifié.

      * https://export.agence-adocc.com/fr/fiches-pays/suisse/vin/la-consommation-de-vin

      Maraichage et arboriculture

      Premiers rayons à l’entrée des grandes surfaces, les fruits et légumes consommés en Suisse participent grandement à l’image d’Épinal d’une agriculture humaine, productrice et respectueuse commercialisée par les services de communication de l’agrobusiness local. Les deux géants orange, et leurs suivants discounters, ne se privent pas de profiter du « soutien » que souhaite apporter la population à « ses maraîcher·ères ». Et plus un fruit ou légume est local, de saison et bio, plus il sera cher sur ces étals accueillants. Cependant, comme l’a révélé une étude de la FRC, ceci est expliqué par les marges des chaînes de supermarchés. Le système des deux phases, censé protéger la production suisse de fruits et légumes par une barrière douanière pendant la saison de récolte indigène, met en réalité le secteur sous une forte pression. Hors saison les prix sont bas, car la grande distribution profite d’importations à des prix dérisoires, tandis qu’en saison de production locale, les prix en magasin sont au plus hauts, car la grande distribution en profite pour augmenter ses marges.

      Par ailleurs, l’augmentation des variétés « club » dans les fruits (impositions des surfaces cultivées et de l’itinéraire technique, de l’acheteur, des prix et des critères de ventes) présage d’un alignement de plus en plus proche des obligations européennes sur le choix de variétés de moins en moins libres et paysannes (hybrides F1 et autres bricolages biotechnologiques). Le secteur doit donc se réinventer s’il ne souhaite pas se résumer à un ensemble d’agents au service de l’agriculture industrielle. En ce sens, Uniterre soutient la diversification des structures, les semences paysannes et les variétés adaptées aux conditions locales et libres de droits, et les initiatives favorisant l’essor de circuits courts. Nous nous positionnons aussi en faveur de conditions sociales justes, en particulier dans ce secteur, le plus demandeur en main-d’œuvre, notamment saisonnière.

      Les revendications d’Uniterre :

      Sur la filière maraîchère :

      Revendications aux acheteurs et à l’OFAG :

      • Il faut mettre fin au calibrage, qui génère énormément de gaspillage alimentaire. Rappelons aussi que quand une production agricole est déclassée (p.ex. pommes de terre, carottes) par la grande distribution, les coûts de production de l’agriculteur·rice restent les mêmes et ne sont pas compensés par l’acheteur.
      • Nous exigeons un pré-financement de la production, pour un partage équitable des risques (maladies, ravageurs, aléas climatiques).
      • Tout fruit ou légume importé doit être vendu au moins au même prix que la production suisse et respecter les conditions de productions suisses.
      • Nous demandons le respect d’une saisonnalité véritable sans chauffage (sauf lutte contre le gel).
      • Le système des deux phases doit être adapté au minimum une fois tous les 10 ans en fonction de l’évolution des techniques de culture et des changements climatiques. Les maraicher·es doivent participer à la définition de ces périodes.

      Sur l’arboriculture:

      Revendications aux acheteurs et à l’OFAG :

      • Il faut mettre fin au calibrage, qui génère énormément de gaspillage alimentaire. Rappelons aussi que quand une production agricole est déclassée (p.ex. pommes de terre, carottes) par la grande distribution, les coûts de production de l’agriculteur·rice restent les mêmes et ne sont pas compensés par l’acheteur.
      • Tout fruit importé doit être vendu au moins au même prix que la production suisse et respecter les conditions de productions suisses.
      • Nous demandons le respect d’une saisonnalité véritable sans chauffage (sauf lutte contre le gel).